Notion(s)

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General presentation

Algo-r(h)i(y)thms est une installation immersive de Tomás Saraceno, créée en 2018. Elle mêle cordages, microphones de contact, haut-parleurs passifs, amplificateurs, shakers, subwoofers et lumières contrôlées via DMX. L’œuvre se présente sous la forme d’un paysage de toiles/nets suspendus, de dimensions variables selon le lieu d’exposition. Elle invite le public à interagir avec ces toiles : toucher ou effleurer les cordes produit des vibrations sonores, des fréquences évoquant des phénomènes naturels microscopiques ou macroscopiques.

Historical context

La première version de ce travail remonte à 2009 : Galaxies Forming along Filaments, like Droplets along the Strands of a Spider’s Web lors de la 53ᵉ Biennale de Venise. Le titre Algo-r(h)i(y)thms est donné à partir de la version de 2018, exposée au Palais de Tokyo dans le cadre de ON AIR. En 2019, Saraceno présente cette version chez Esther Schipper à Berlin. Le travail s’inscrit dans les recherches plus larges de l’artiste autour de l’araignée, du son (vibrations), de l’écologie, de l’interaction entre les espèces, etc.

Concept and inspiration

Le mot algo en espagnol signifie « quelque chose », tandis que rhythm (du grec rhythmos) évoque le mouvement marqué par une succession régulée d’éléments forts et faibles. Le titre est donc un jeu de mots qui lie « quelque-chose » et « rythmes », ou encore « algorithmes / rythmes ». Saraceno s'inspire du mode de perception des araignées : elles sont pratiquement aveugles mais sensibles aux vibrations sur leurs toiles, ce qui constitue leur manière d’entrer en relation avec le monde. Il transpose cela dans une installation où les visiteurs peuvent, par le toucher ou la friction des cordes, générer des sons, sentir ces vibrations, et sensibiliser les sens à ce qui est normalement inaudible ou imperceptible. Les différentes toiles/networks dans l’œuvre correspondent à des nœuds convergents, qui font référence à des fréquences de phénomènes naturels microscopiques ou cosmiques : par exemple la fréquence de la parade nuptiale d’une araignée Argiope keyserlingi, ou des halos radio autour de galaxies lointaines.

Aesthetic dimension

Visuellement, l’installation se compose de nombreux cordages noirs de diamètre fin (1-2,5 mm), organisés en noyaux complexes, de toiles suspendues, de réseaux de différentes tailles. Les spectateurs évoluent dans un espace large, souvent sombre ou tamisé, éclairé par des effets lumineux contrôlés, pour accentuer l’atmosphère immersive. L’esthétique sonore est essentielle : microphones de contact amplifient les vibrations des cordes, les shakers, les subwoofers participent à la matérialisation auditive des phénomènes. Cela crée une sorte de « langage vibratoire » où le visuel, le spatial et le sonore se mêlent. Le contraste entre le microscopique et le cosmique, le minuscule et l’immensité est rendu tangible par les différentes échelles des toiles (petite toile de 25 cm à de plus grandes structures comme la toile-halo de 140 cm, voire des structures évoquant des halos radio-astronomiques).

Impact and message

Algo-r(h)i(y)thms incite à repenser la relation entre humains, non-humains, matière vivante et non vivante, en montrant que nous faisons partie d’un réseau plus large : chaque être (araignée, cordage, matière cosmique) participe à une sorte d’écosystème perceptif. L’œuvre pose une question politique et écologique : dans un contexte de crise environnementale (sixième extinction), elle propose de développer une sensibilité vers le vivant, le silencieux, l’invisible, afin de créer une coexistence plus respectueuse. Elle met en lumière la façon dont la technologie peut servir à révéler ce qui est normalement hors de portée de nos sens (vibrations, fréquences ultrasonores ou très basses), plutôt qu’à dominer ou contrôler. En invitant le spectateur à interagir, l’œuvre devient participative : le public n’est pas passif mais acteur, ce qui modifie la perception, le temps, la physique du lieu.

Sources

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