The Physical Impossibility of Death (...)
Notion(s)
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Présentation générale
Œuvre-icône des Young British Artists (YBA), la pièce consiste en un requin-tigre conservé dans une vitrine de verre et d’acier remplie de solution de formaldéhyde. Réalisée en 1991, elle impose d’emblée l’échelle du sublime : un animal entier, grandeur nature, semblant surgir dans l’espace du visiteur. Dimensions approximatives de la vitrine : ≈ 213 × 518 × 213 cm. L’œuvre est aujourd’hui détenue par la collection Steven & Alexandra Cohen et a été exposée au Metropolitan Museum of Art (New York) en prêt de longue durée à partir de 2007.
Contexte Historique
Commandée en 1991 par Charles Saatchi, la pièce est montrée au début des années 1990 dans les expositions YBA à la Saatchi Gallery, qui propulsent Hirst sur la scène internationale. En 2004, Saatchi la vend à Steven A. Cohen (montant non divulgué, souvent estimé entre 8 et 12 millions $). Le spécimen initial s’étant dégradé, Hirst remplace le requin en 2006, opération menée avec un conservateur/ichtyologue, tout en réutilisant la vitrine d’origine. L’artiste assume publiquement que l’œuvre prime sur sa matérialité : c’est l’intention qui garantit l’identité de la pièce malgré le remplacement du spécimen.
Concept et inspiration
Le titre annonce le programme : représenter l’irréprésentable — la mort — du point de vue d’un vivant. Hirst met en scène un face-à-face avec un prédateur arrêté dans un temps artificiel ; la mort y est visible mais inassimilable. L’aquarium devient un dispositif muséal extrême : transparence totale, neutralité apparente, distance clinique qui n’annule jamais l’effet viscéral. L’animal n’est plus « nature », mais image mentalement ingérable tenue dans un cadre de science et de spectacle.
Dimension esthétique
Le langage est désarmant de simplicité : un volume pur, des parois impeccables, un corps suspendu dans un bain monochrome. L’échelle (longueur du bassin, masse de l’animal) transforme la salle en paysage intérieur. La monochromie verdâtre du formol aplatie les couleurs et accentue le contraste peau/acier/verre ; la luminosité et les reflets font basculer la perception entre objet scientifique et icône fétichisée. Le cadrage parallèle des flancs du requin à la paroi frontale produit une image-choc lisible en une seconde, qui continue pourtant d’agir physiquement.
Impact et message
La pièce est devenue l’emblème d’une époque où l’art contemporain assume l’industrie, la provocation et le marché tout en réactivant la question du sublime : attraction/effroi devant une nature domptée par la technique. Son remplacement de spécimen (2006) a nourri un débat clé : qu’est-ce qui fait l’identité d’une œuvre — la matière d’origine ou la définition conceptuelle ? Plus largement, les œuvres en formol de Hirst ont récemment ravivé des controverses de datation et de transparence dans le monde de l’art, soulignant la tension entre récit artistique, conservation et marché. Qu’on l’admire ou la rejette, la pièce réinstalle la mort au centre du dispositif de regard, sans allégorie ni pathos, par pur arrangement de conditions (cadre, liquide, lumière, échelle).
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A enrichi votre apprentissage en ajoutant cette référence le 17 Septembre 2025
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