2012

CCTV Headquarters

Notion(s)

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Présentation générale

Le siège de la China Central Television (CCTV) est un bâtiment de bureaux, de studios et de production média, situé dans le district central des affaires (CBD) de Pékin. Il comprend 51 étages au-dessus du sol, et trois niveaux souterrains, pour une hauteur d’environ 234 mètres. La surface totale est de l’ordre de ~473 000 m² de plancher. Le projet associe fonctions administratives, studios de tournage, production, diffusion… tous hébergés dans le même bâtiment.

Contexte Historique

Le projet est l’un des emblèmes de l’expansion et de la transformation urbaine rapide de Pékin dans les années 2000, avec la création ou rénovation de nombreux bâtiments “phares”, notamment à l’approche des Jeux olympiques de 2008. Un appel d’offres international a été organisé, et OMA, en collaboration avec l’Institut de conception architecturale de l’Est de la Chine (ECADI), remporte le projet. L’intention est de regrouper toutes les fonctions de CCTV sur un seul site dans le nouveau CBD. La construction commence vers 2004, les façades sont terminées vers 2008, et le bâtiment est achevé en 2012.

Concept et inspiration

L’idée de base est de redéfinir le gratte-ciel classique : au lieu d’une tour verticale simple, le bâtiment forme une boucle continue (loop), où deux tours inclinées se rejoignent en haut et en bas, reliées par des sections horizontales, créant un volume en “forme de papier plié / structure coudée / L inversés assemblés”. Le programme exige rassemblement des fonctions (studios, production, administration, diffusion), ce qui a conduit à spatialiser le bâtiment dans les trois dimensions de façon à ce que les différentes parties de CCTV soient physiquement reliées, favorisant les synergies. Le loop permet de raccourcir les déplacements internes, d’expérimenter des vues croisées, de faire circuler lumière et espace. Tenant compte du contexte sismique, architectural et urbain, la structure est conçue pour résister aux mouvements (vent, tremblements de terre), à l’expansion thermique, au poids des sections suspendues. Cela a imposé une ingénierie avancée, des cadres diagonaux, des trames structurelles visibles, des transferts de charge complexes.

Dimension esthétique

Visuellement, le bâtiment se distingue fortement : les pylônes inclinés, la boucle suspendue, les grands porte-à-faux (overhangs) horizontaux qui s’étendent à des niveaux élevés, et le vide au centre du volume qui donne une forme saisissante, presque sculpturale. La façade affiche une structure en “diagrid” (ossature diagonale) visible, qui n’est pas seulement décorative mais participe au soutien structurel. Les éléments horizontaux, verticaux, diagonaux sont organisés pour équilibrer esthétiquement les volumes et répondre aux contraintes statiques. L’interaction avec le contexte urbain (skyline de Pékin, alignement avec d’autres grands bâtiments du CBD), la visibilité depuis différents points de la ville, les jeux de lumière sur les surfaces en acier et verre, les portées horizontales qui soulèvent des ombres ou produisent des perspectives dramatiques : tout cela contribue à faire du bâtiment une pièce visuelle forte, autant qu’un objet fonctionne.

Impact et message

Le CCTV Headquarters est devenu un symbole puissant de l’architecture contemporaine en Chine : il représente le désir de modernité, d’audace, de rupture avec les schémas traditionnels de gratte-ciels. En même temps, il montre les limites et les défis d’une telle audace : coût élevé, complexité de construction, contraintes techniques (sismique, thermique), ainsi que les critiques liées à la rupture visuelle dans un paysage très historique, les perceptions du public (certains le trouvent provocateur ou peu harmonieux selon les points de vue). Il incarne une certaine idée de transparence / visibilité dans le processus média : les studios et espaces de production font partie du même bâtiment, le loop permet des vues internes / publiques, et le vide central donne une dimension presque symbolique de “espaces ouverts” ou “ouverture”. Architecturer un bâtiment aussi complexe demande de repousser les frontières de la technologie et de l’ingénierie — notamment dans la modélisation, les transferts structurels, les assemblages, les ponts entre les parties inclinées et horizontales. Cela constitue un message sur ce que l’architecture peut faire quand on combine vision, fonction, technique.