Notion(s)

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Présentation générale

Mes Vœux est une installation photographique modulable (1988–1991 env.) constituée de centaines de tirages gélatino-argentiques en noir et blanc montrant des fragments de corps (bouches, yeux, mains, seins, pieds, etc.). Chaque photo est prise sous verre, cerclée d’un ruban adhésif noir et suspendue par des ficelles formant un ensemble mural (ovale, cercle, parfois triangle), de dimensions variables selon les versions. L’œuvre existe en plusieurs configurations et éditions muséales (Centre Pompidou, MoMA, Guggenheim, Denver Art Museum), avec des comptes d’images allant d’une centaine à plus de deux cents.

Contexte Historique

À la fin des années 1980, Messager déploie un vocabulaire fait d’accumulations, de rituels intimes et d’écritures du corps. Mes Vœux apparaît alors comme une pièce-pivot : elle condense ses recherches sur la mémoire personnelle, les codes domestiques (verre, ficelle, adhésif) et une iconographie fragmentaire qui rompt avec les représentations unitaires du corps. Très tôt, l’œuvre entre dans de grandes collections publiques (acquisitions au tournant de 1990), s’imposant comme un jalon majeur de la photographie d’installation en France et à l’international.

Concept et inspiration

Le titre joue sur l’ambiguïté du mot « vœux » (souhaits / vows au sens de vœux votifs). Messager transpose l’ex-voto populaire — petites images offertes en remerciement après une guérison — en un constellation d’images corporelles : chaque fragment devient à la fois relique et désir, absence et présence. La fragmentation n’est pas un effet de style : elle décompose l’identité pour mieux la recomposer dans un ensemble instable, où intime et collectif s’emmêlent. L’œuvre oscille ainsi entre portrait démultiplié et cartographie affective.

Dimension esthétique

Matériellement, Mes Vœux assume une pauvreté volontaire des moyens (noir et blanc, verre, ficelle, ruban) au service d’une économie très lisible : répétition, suspension, densité du motif. Les verres cadrés de noir créent un grain quasi funéraire ; les fils visibles structurent l’espace et projettent des ombres qui prolongent les images dans la salle. Selon les versions, la mise en forme (ovale, cercle, triangle) impose un rythme différent : halo inclusif, cible, ou pointe plus agressive. Les écarts d’échelle entre tirages (petits formats mêlés à quelques plus grands) dynamisent la lecture et guident l’œil.

Impact et message

Mes Vœux a marqué la réception de Messager en réconciliant intime, rite et politique du corps. L’installation désacralise la photographie (pas de tirage unique fétichisé) pour en faire un dispositif spatial qui engage le visiteur physiquement. Elle a aussi compté dans les débats sur le féminin en art : sans slogan, Messager déplace le regard depuis l’anatomie vers le lien (fil, suspension, agencement), donc vers ce qui relie plutôt que ce qui isole. En musées, la pièce a souvent servi de porte d’entrée à son œuvre, tant sa force d’image et sa souplesse d’accrochage restent exemplaires.

Sources

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