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Présentation générale

Miss Ko² (parfois titrée Project Ko²) est une sculpture en résine/fibres de verre, fer et peinture (huile & acrylique) représentant une serveuse blonde hyper-sexualisée, directement issue de l’imaginaire otaku (anime/manga). La figure, environ 1,83 m de haut, a été réalisée en 1997 en édition de 3 + 1 épreuve d’artiste. C’est l’une des premières incarnations tridimensionnelles majeures de l’univers Superflat de Murakami et un jalon de sa célébrité internationale.

Contexte Historique

Le personnage de Miss Ko² apparaît d’abord dans la peinture au milieu des années 1990 (œuvres datées 1996), avant d’être transposé à l’échelle humaine en 1997. Très vite, la sculpture circule largement : présentations à New York (Feature, 1997), aux Tokyo Wonder Festival (1998–2000), puis dans de grandes expositions itinérantes (rétrospective ©Murakami 2007–2009) et au Château de Versailles (2010). Cette trajectoire ancre Miss Ko² comme un personnage-signature au même titre que Hiropon ou My Lonesome Cowboy.

Concept et inspiration

Murakami prend au sérieux la figurine d’otaku (petit objet fétiche) et la déploie à l’échelle du corps pour rendre visibles les désirs et fantasmes qu’elle concentre. La tenue renvoie sciemment à l’iconographie des restaurants Anna Miller’s (serveuses à l’uniforme très sexualisé), devenue motif de cosplay et de culture visuelle. Dans la logique Superflat, l’artiste aplatie les hiérarchies : ce qui relève du produit dérivé ou du fan art devient sculpture de musée, et, inversement, la sculpture conserve l’esthétique lisse et industrielle de l’objet de série.

Dimension esthétique

La figure est lisse, brillante, hyper-finie : peau rosée uniforme, yeux gigantesques, jambes interminables, taille étranglée, mini-jupe et talons rouges. Vue de face, la pose d’accueil (un bras tendu) met en vitrine les attributs du personnage ; de profil, on perçoit la construction “plastique” (volumes gonflés, surfaces sans pores) qui assume l’artificialité. L’échelle quasi grandeur nature installe un face-à-face dérangeant : ni miniature innocente ni « vraie » personne, mais image incarnée.

Impact et message

Miss Ko² est ambivalente par design. Elle critique autant qu’elle magnifie l’esthétique otaku : en grossissant le cliché (serveuse poupée), elle en révèle la charge fantasmatique, mais elle en héroïse aussi la séduction. Cette ligne de crête — entre satire, miroir culturel et marchandise de luxe — a fait la force et la polémique de l’œuvre, devenue un repère du Superflat et un cas d’école de la circulation entre culture populaire et institution muséale.

Sources

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